Avana Retreat – “J’ai créé un resort qui ne ressemble pas aux autres”

Vũ Huy - le propriétaire d'Avana Retreat (à Mai Chau) - ne place pas les revenus et le nombre de clients comme objectif numéro un, mais souhaite créer un resort différent, vers un tourisme durable.

Vêtu modestement et le sourire aux lèvres, le fondateur d'Avana Retreat nous a parlé avec passion et enthousiasme de son resort. Il compare Avana Retreat à un "resort pas comme les autres", humblement caché au milieu des montagnes et des forêts, ressemblant de loin à un village montagnard.

Le resort n’utilise pas de plastique, génère peu de déchets, et emploie un personnel local. Plus intéressant encore, l'Avana Retreat possède en son sein une cascade naturelle et des champs en terrasses, où les Thaï et H’mong cultivent le riz.

Tout serait plus facile si j'avais choisi de faire construire le resort dans la vallée comme les autres

Q: Ayant travaillé dans l'industrie du tourisme pendant 25 ans, qu’est-ce qui vous amène à créer Avana Retreat?

R: Avana Retreat est né de la personnalité de quelqu’un qui aime explorer et prendre des risques. J'aime me promener dans les endroits les plus reculés, même si aucun touriste n'y a jamais mis les pieds. Auparavant, je conduisais régulièrement des agences de presse étrangères pour visiter des destinations célèbres au Vietnam.

Avana Retreat est ma nouvelle exploration de la nature, des gens et de la culture. Si vous ne regardez pas, vous ne le trouverez pas. Quand je suis arrivé, les habitants et les guides touristiques de 20 ans ont tous dit qu'il n'y avait pas de cascade ici. Mais je crois que s'il y a des ruisseaux, il y aura des chutes d'eau. Allons voir ! J'ai marché sur une très mauvaise route rocheuse, il m'a fallu 4 km pour trouver la cascade.

Q: La première fois que vous mettez les pieds dans cet endroit, c'est Avana Retreat aujourd’hui, quelle est votre impression ?

R: A cette époque, cet endroit était situé sur un flanc de montagne sauvage, presque inhabité. Mais tout est agréable, il y a des cascades naturelles, des forêts vierges, des vues depuis les hautes montagnes, des champs en terrasses, des ethnies Thai, Hmong et Muong. Après des jours d'agitation avec la pollution et la poussière des villes, c'est l'endroit idéal pour faire une pause et trouver une vie calme et paisible. À l'époque, c'était très difficile, il n'y avait pas de route d'accès, pas d'électricité. Bien sûr, les autorités provinciales nous ont aussi apporté leur soutien et des encouragements, mais peu de financements, nous faisons presque tout.

Q: En regardant Avana Retreat aujourd'hui, on peut voir que vous avez créé un resort différent. Au début, pourquoi avez-vous choisi un endroit avec de nombreuses contraintes en termes d'infrastructure ?

R: Tout serait plus facile si j'avais choisi de faire construire le resort dans la vallée comme les autres. Mais si vous voulez être différent, vous devez accepter des défis. Avana Retreat a été l'un des premiers resorts avec une cascade naturelle. C'est aussi un lieu d'harmonie culturelle de 3 ethnies du Nord-Ouest avec convivialité, loyauté et hospitalité. Il n'y a rien de plus beau que lorsque le printemps arrive dans le nord-ouest pour voir les fleurs de pêcher immaculées dans la rosée du matin.

Depuis que j'ai fait mes premiers pas ici, je savais que ce serait difficile, mais j'ai quand même décidé de le faire. Poursuivant un tourisme durable, Avana Retreat conserve chaque arbre. Même la construction de ponts doit éviter les arbres. Sans m'arrêter là, j'ai continué à planter beaucoup d'arbres, pour verdir cet endroit. Parce que seuls les arbres créent une couleur verte, évitant les catastrophes naturelles. Nous demandons également à la province de soutenir les variétés d'arbres pour continuer à verdir la forêt.

Q: Vous avez dit qu'Avana Retreat est un croisement entre 3 cultures : Thai, Hmong, Muong, ce qui signifie que les invités qui viennent ici verront les sourires des peuples autochtones ?

R: Je crois que oui, ce n'est pas un mensonge. Nous considérons les gens d'ici comme un facteur important pour le développement du tourisme durable. À Avana, nous avons des champs en terrasses que les locaux peuvent cultiver gratuitement. Ils récoltent les produits et les rapportent chez eux. Nous soutenons la construction de maisons “en dur” pour que les gens se reposent lorsqu'ils viennent travailler ici. C'est là que réside la différence.

Si vous venez d’en bas, vous verrez au loin qu'Avana est comme un village caché dans la forêt vierge, pas un resort. La nuit, quand les lumières s'allument, cela ressemble à un resort. Pendant la journée, quand les gens regardent les scènes de labour et d’agriculture, personne ne pense que c'est un resort.

Pas de plastique, minimise l'impact sur l'environnement

Q: "Un resort qui n'est pas comme les autres". Pouvez-vous en expliquer plus ?

R: Chez Avana Retreat, il n'y a pas de plastique, pas de matériaux plastiques. Les murs sont en terre, chauds en hiver et frais en été. Les meubles sont en bois. Les aliments sont biologiques, sans pesticides ni produits chimiques. Les produits ici ne sont pas emballés non plus. Le shampooing, le gel douche ou le revitalisant sont tous fabriqués sur mesure pour Avana avec des ingrédients biologiques et des parfums uniques.

Nous essayons de ne pas laisser la nature porter un fardeau supplémentaire. Heureusement, lorsque j'ai lancé cela, j’ai reçu le soutien du personnel. Nous voulons créer un lieu non seulement pour notre vie, mais aussi pour l'avenir.

Q: Lors du lancement d'une entreprise, le propriétaire fixe toujours un seuil de rentabilité. Pourquoi avez-vous mis cet objectif de côté pour construire un resort différent ?

R: Si j’avais choisi de gagner de l'argent, j'investirais dans des hôtels dans des endroits populaires comme Sapa, Halong, Phu Quoc. On peut voir que l'ancien Sapa n’existe plus. Aujourd’hui, cette destination compte de nombreux chantiers de construction, de nombreux endroits où la route est encore encombrée. Je ne veux pas essayer d'amener des gens là-bas pour les ajouter à la foule. J'ai mis tout mon cœur ici, dans cet endroit sauvage pour que les gens qui visitent puissent découvrir l’effervescence des ethnies.

Les gens n'ont pas besoin d'être payés pour prendre des photos. Au lieu de cela, ils vous invitent chez eux pour prendre un verre. Cet endroit est attrayant, plutôt que des paysages spectaculaires, on apporte de nouvelles expériences de tourisme durable. Bien entendu, quiconque fait des affaires le fait dans un but lucratif. Mais mon propos est d’être prévenant, pour l'environnement et pour les gens, sans conduire massivement à détruire la culture traditionnelle.

Il y aura des gens qui sont sur la même longueur d'onde qu’Avana. Ils ne viennent pas uniquement pour le tourisme, mais pour l’expérience, pour voir un petit musée dans une maison Thaï vieille de 70 ans, pour se promener à l’ombre des arbres, pour entendre le murmure d’un ruisseau... C'est peut-être aussi simple que cela...

Q: Mais si la rentabilité financière n’est pas l’objectif principal d’Avana, quel sera l’enjeu pour ses équipes ?

R: C'est l'intimité, pas de l'argent. Tout est proche, comme à chaque fois que je viens ici, des gens du village viennent me saluer, ils s'aiment et se respectent tous. La relation entre les entreprises et les gens ici est aussi étroite que celle entre amis. Le personnel d'Avana est principalement composé de locaux. Nous leur fournissons des emplois, enseignons l'anglais, organisons des formations, les aidons à travailler près de chez eux avec de bons revenus. J'organise également des matchs de foot pour échanger entre les villages.

Q: Les enfants locaux peuvent suivre leurs parents à Avana. Même les buffles peuvent apparaître ici pour labourer les champs et trouver de l'herbe. Ainsi, cela signifie que cet endroit n'est pas une "cité interdite" pour les riches qui veulent se détendre. Est-ce un obstacle ?

R: Notre objectif est d'amener des invités ici pour découvrir le village, pas pour vivre dans la "cité interdite". Les touristes peuvent rester ici et voir comment les gens cultivent, comment les buffles labourent.

Cet endroit est comme un village, les visiteurs peuvent observer des personnes portant des pailles de riz sur le dos de la manière la plus naturelle et la plus vraie. J'essaierai de maintenir cette gentillesse, cette douceur, cette authenticité.

La taille de l'entreprise et le montant d'argent ne sont pas la priorité numéro un

Q: Respecter la nature et maintenir le niveau d'un resort 5 étoiles n'est pas un problème facile à résoudre. Où en êtes-vous dans cette aventure mathématique ?

R: Mai Chau façonne le tourisme avec des séjours chez l'habitant et des hôtels de milieu de gamme. Mais Avana est une station de montagne haut de gamme. Pouvoir à la fois respecter la nature tout en restant un resort 5 étoiles n'est pas une chose facile. Pour garantir les normes, nous avons un ensemble de produits avec nos propres parfums chez Avana.

De plus, Avana dispose de 4 piscines à débordement chauffées qui sont dessinées comme des champs en terrasses. L’espace spa est construit le long du ruisseau : où que vous soyez, vous pouvez entendre le son de l'eau qui coule. En venant ici, les visiteurs peuvent savourer un dîner romantique au bord de la cascade avec des bougies et des roses.

Dans 41 villas, il y a 41 peintures différentes en bronze sur la culture de Mai Chau, peintes par un artiste spécifiquement pour Avana. Chaque villa dispose d’un balcon presque aussi grand qu’une pièce, donnant sur les champs en terrasses, les vallées ou les collines. Les objets ornant chaque pièce sont soigneusement sélectionnés pour apporter la plus grande satisfaction possible.

Toutes les chambres disposent d'une baignoire donnant sur la nature. De plus, le nombre de chambres est limité à 41 villas pour maintenir le calme et l'intimité. Mais après tout, le luxe doit toujours être mis en harmonie avec la nature. Telle est l'identité d'Avana.

Q: Tous ces éléments font-ils partie de l’identité d'Avana ? Quelle est la ligne de conduite d’Avana ? Au cours des 25 dernières années, quels principes avez-vous retenu dans votre travail ?

R: La proximité, la convivialité et les valeurs humaines sont les 3 principaux facteurs qu'Avana met en avant. La taille de l'entreprise, le chiffre d'affaires n'est pas vraiment ce que je vise. La chose la plus précieuse à propos de l'environnement de travail d'Avana est que nous avons surmonté toutes les difficultés ensemble.

J'ai toujours voulu faire quelque chose de différent. Je choisis toujours de suivre mon propre chemin, de ne jamais faire de la richesse une priorité. Au lieu de répondre la question "comment obtenir le plus de visiteurs", je veux poser la question "comment faire en sorte que les invités rentrent chez eux et se souviennent en particulier de nous".

Dans l'entreprise aussi, ce n'est pas la quantité qui compte, mais le sentiment. Avant, je voulais que mon entreprise ne dépasse pas 50 personnes, tant qu'elles se comprenaient. Mais à mesure que l'entreprise grandissait, il a fallu 400 employés. Cependant, beaucoup ou peu n'est pas le problème : l'important est que tous se comprennent, s'amusent et soient heureux. Je dis toujours non à la concurrence déloyale, à cause de laquelle, selon moi, il est difficile de se développer durablement.

Q: Si le modèle d'Avana réussit et se développe à de nombreux endroits, craignez-vous de perdre votre exclusivité et votre distinction ?

R: Je pense qu'il ne faut pas s'inquiéter. Si les gens se débrouillent bien pour le tourisme, les projets qui détruisent l'environnement seront réduits et c’est très bien. Je n’accepterai jamais de créer une zone touristique où je dois couper toute la colline et aplatir la forêt.

Je veux que les gens fassent du tourisme pour les communautés, en contact avec la nature. J'espère revoir des dauphins à Halong, j'ai hâte que Sapa retrouve son atmosphère de conte de fées. Les gens doivent planter plus d'arbres. Laissez les resorts se cacher dans les montagnes. Ne vous souciez pas du nombre d'invités, mais fixez-vous des objectifs de durabilité avant tout.

Q: Cela signifie-t-il qu'Avana limitera le nombre de visiteurs ?

R: Nous ne refusons pas les clients. Cependant, Avana ne fera pas de tourisme de masse, pas de marketing fort pour attirer les clients à tout prix. Nous faisons du tourisme proche de la nature, au lieu de promouvoir un luxe extravagant. Nous nous attendons à trouver des clients partageant les mêmes idées, qui aiment l'expérience du retour à la nature et à la culture.

Q: Dès le début de la conversation, vous avez beaucoup évoqué le "tourisme durable". Alors, quelles sont vos attentes pour le développement du tourisme durable vietnamien ?

R: Le tourisme durable ne peut pas de faire en un ou deux jours. Le jour où je n'ai pas jeté ma cigarette dans la rivière Da, les gens autour ont été surpris. Mais ce n’est pas parce qu’ils ont été surpris que j’ai changé ma manière de faire. Tout prend du temps, j'ai juste la foi, les gens soutiendront.

Sapa, Hoi An, Halong ou Phu Quoc, nous pouvons tous faire mieux en déterminant des objectifs de tourisme durable. L’île de Cham a dit non au plastique, alors les sacs en nylon y ont progressivement disparu. Je crois qu’en se donnant la main, le Vietnam pourra être durable et beau.

Version en vietnamien ici