Réhahn & son musée-galerie 54 ethnies vietnamiennes

  • Bonjour Réhahn, peux-tu nous raconter ton histoire avec le Vietnam ?

Je suis venu au Vietnam en 2007 pour rencontrer une famille que j’avais décidé de parrainer grâce à l’association Enfants du Vietnam (basée à Paris en France). Cette famille vit à Hoi An et c’est comme ça que j’ai découvert cette ville incroyable qui m’a séduit dès mon arrivée. Je me suis attaché à cette famille, j’ai promis de revenir et je suis revenu l’année d’après pour passer le Tet (jour de l’an Vietnamien).

Les années suivantes, j’ai passé presque deux mois par an au Vietnam pour apprendre sur la culture et photographier la vie quotidienne des Vietnamiens.
En 2011, j’ai décidé de m'y installer définitivement et j’ai commencé avec une chambre d’hôtes puis un petit restaurant avec une amie Vietnamienne. Au bout d’un moment, les clients voulaient acheter mes photos donc j’ai décidé en 2014 d’ouvrir une petite galerie (7 Nguyen Hue) et l’aventure a vraiment démarré. J’ai commencé à explorer le pays et après un voyage à Sapa, j’ai entrepris d’aller à la rencontre des 54 ethnies Vietnamiennes avec le projet fou d’un jour ouvrir mon musée gratuit.

Le 1er Janvier 2017, grâce à la vente de mes photos, j’ai pu ouvrir le musée Precious Heritage (26 Phan Boi Chau) dans l’ancien quartier français.


  • Parle- nous de ce musée ?

Puisque je vends mes photos, je voulais que ce musée soit totalement gratuit et en 3 langues (Vietnamien, Anglais et Français). J’ai ouvert avec une quarantaine de costumes collectés lors de mes voyages dans les coins les plus reculés du Vietnam. Puis j’ai continué et rencontré la dernière ethnie, les Chut, récemment. Aujourd’hui, le musée est complet et raconte mes rencontres avec des chefs de villages, les anciens qui sont souvent les meilleurs témoins d’une culture qui se modernise.

Chaque ethnie est représentée par une photo de 2m, d’une histoire gravée sur une tablette en bois et du costume original de l’ethnie. Je ne suis pas un ethnographe et le musée n’est ni un musée de la photographie ni un musée académique. C’est un musée d’explorateur, d’un passionné. J’ai voulu le rendre accessible à tout le monde et je voulais recréer les émotions que j’ai ressenties.

  • Y a t il des anecdotes que tu voudrais partager ?

Je me souviens d’une petite mamie de l’ethnie Lu qui m’a demandé pourquoi je n’étais pas venu quand elle avait 18 ans, quand elle était jeune et belle. Elle avait 93 ans et je la trouvais magnifique.
C’est ce genre de moment qui m’ont motivé à aller à la rencontre de la totalité des ethnies sans jamais abandonner. Malgré les difficultés, des accidents, des permissions avec les autorités…etc.

Une femme de l'ethnie Lu & un homme de l'ethnie Chut


  • Qu’as tu appris dans cette aventure ?

J’ai compris la fragilité de leur culture au contact de la modernisation. Plus de la moitié ne porte plus de costume et ne le confectionne plus. Il y a des villages qui n’ont plus un seul costume. J’ai été chanceux de pouvoir parfois voir les derniers costumes restants.
J’ai appris aussi beaucoup sur moi même. 10 ans à écouter les anciens et leurs histoires, à voir des enfants jouer dans la nature et sans écrans, ça fait du bien. Ça aide à garder les pieds sur terre.

  • J’ai lu qu’après avoir fini de financer ton musée, tu avais entrepris un projet nommé Giving Back, parles nous de ce projet?

Puisque mes photos se vendent toujours et que le musée est entièrement payé, j’ai voulu aider des ethnies et je me suis tourné vers l’association Française Enfants du Vietnam encore une fois. Nous avons construit et financé 3 internats pour des ethnies dans des régions reculées. Cela permet aux enfants d’avoir un cursus scolaire sans faire 20km par jour pour aller à l’école. En parallèle, j’aide les familles dont les enfants sont sur mes photos comme An Phuoc (la petite aux yeux bleus), Kim Luan (la petite avec éléphant) et plein d’autres. Je finance leur scolarité et parfois des rénovations de leur maison après des typhons ou inondations. Cela m’a permis de rester en contact avec toutes ces familles et de voir grandir ces enfants.

  • Quels sont tes projets ?

Je pensais avoir fini le projet en rencontrant les 54 ethnies mais je me rends compte que mes liens avec ces gens sont trop forts pour que ce ne soit qu’un projet. Je continue à lire des livres sur leur culture et je projette d’aller les revoir pour filmer les interviews, photographier leur festivals et continuer de construire une documentation qui servira sans doute quand tout aura disparu. En parallèle, je travaille à documenter les métiers traditionnels et je suis revenu à la photographie d’art. Je crois au mélange du style documentaire et photographie d’art. Il n’y aucune raison pour qu’une photo documentaire ne soit pas esthétiquement agréable à regarder. Souvent les musées font l’économie de la qualité photographique, insistant plus sur l’aspect documentaire.

  • Penses-tu faire ce même projet dans un autre pays ?

Clairement non, il faut vivre dans le pays, le ressentir et l’aimer. J’aime beaucoup d’autres pays mais le Vietnam a une place spéciale dans mon cœur. Je me vois ici dans les 10 prochaines années sans aucun doute. De plus, j’ai deux enfants et je ne peux plus me permettre de partir aussi longtemps sur les routes.

  • Quels conseils donnerais-tu à un voyageur qui vient pour la première fois au Vietnam et qui veut voir les ethnies ?

Je conseille toujours aux visiteurs d’aller voir Sapa. C’est un condensé de culture dans un environnement exceptionnel. On entend parfois que Sapa est trop touristique mais je réponds que Sapa, c’est 3 villages hyper touristiques et plus de 90 villages où vous ne croiserez que des ethnies. Il suffit de faire quelques km de plus et on est seul dans la nature avec tous ces gens formidables.

2 thoughts on “Réhahn & son musée-galerie 54 ethnies vietnamiennes”

  1. Bonjour Je vis en France en Provence et ai regardé votre émission mardi 5 Décembre sur la chaine 5
    Je suis peintre et me penche principalement sur les portraits des gens du monde entier
    aussi je vous de mande si vous m’autorisez à peindre quelques unes de vos photos
    En attendant votre réponse recevez Monsieur mes salutations les meilleures et surtouts toutes mes félicitations pour votre travail
    Claude Brochery

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